jeudi 4 juin 2009

Le nouveau colonialisme agricole réglera-t-il la crise ?

Beja le 2 Juin 2009


Le nouveau colonialisme agricole réglera-t-il la crise ?


Réponse à Slim Ben Taleb
Le nouveau colonialisme agricole réglera-t-il la crise ? (Attariq Al jadid du 30 mai au 5 Juin 2009 )

Monsieur Slim c’est vrai , la crise alimentaire va perdurer même si actuellement elle est masquée par la crise financière . Le secteur agricole vit actuellement un séisme sans précédent, la flambée des prix mondiaux des céréales a bousculée les normes établies depuis bien longtemps, les grands pays importateurs de blé seront menacés de l’effondrement (l’Egypte, la Mauritanie, la Jordanie, le Maroc…etc. ) , le spectre des émeutes du pain des débuts des année 80 plane sur beaucoup de pays qui n’ont pas aidés leur système productif à être performant et plus compétitif, les observateurs se demandent sur la crédibilité du système de planification, doit-on se fier aux prévisions des grands commis de l’état ? Et pourquoi n’ont-ils pas prévu de telles situations ? Pourquoi ils se sont contentés seulement de l’équilibre du budget de l’état sans se soucier des phénomènes d’échange exogènes responsables des grands équilibres régionaux ?

En plus notre agriculture est soumise au faible rendement des exploitations la non maîtrise des techniques de production, le morcellement foncier, l'incapacité des agriculteurs à se structurer, l'absence d'une approche spécifique selon les étages bioclimatiques, l'irrationalité de l'investissement, outre l'irrégularité des pluies.

Dans un souci de préserver le pouvoir d’achat et d’éviter les contestations salariales et la grogne des syndicats, les pouvoirs publics ont trouvé la facilité d’importer des céréales triplement subventionnées par les pays riches. Subventions à la jachère, subventions au cotât, subvention à l’exportation. Cette approche a beaucoup abîmé l’appareil productif du pays en se soldant d’un déficit chronique des produits de base et une dépendance accrue à l’importation. Une orientation qui a trop endommagé le système de production des céréales dans le pays, chaque fois que les agriculteurs demandent une augmentation du prix du blé les technocrates et grands commis rétorquent ‘’Le prix du blé local nous coûte chère nous pouvons en avoir à moindre coût ailleurs ‘’. En principe vers les années soixante lors de la mise en place de la Politique Agricole Commune ( PAC européenne) les pays du tiers monde auraient riposté par la mise en place de leur politique agricole nationale L’enjeu est de taille le système productif des pays du tiers monde a connu des coups durs suite à l’absence totale de stratégie cohérente et de politiques adaptées on voit bien l’impact du ‘’putsch des technocrates et l’hégémonie des énarques ’’ qui reflète l’impasse dans le quel nous y sommes.
Il est temps d’installer des approches et des stratégies pour sortir de la crise et redéfinir des concepts en se comportant avec le monde paysans comme une entité économique, de faire participer les agriculteurs à la décision et d’aménager l’espace par des reformes appropriées pour cela :
-1-Faciliter la sortie de l’agriculture. (Nouveau concept de la mobilité sociale en monde rural)Certains concepts doivent-être révisés. En effet l'approche de développement du monde rural ne doit en aucun cas avoir pour objectif de maintenir et d'attacher les ruraux en compagne en présumant la désertion des champs et l'asphyxie des villes ou la " ruralisation des villes". Cette conception est urbaine, exiguës bureaucratique et gravissime du développement rural dans la mesure où elle assiège le monde rural entre le piège et la crise. L'exode rural n'est pas un phénomène, c’est une conséquence directe de l’évolution sociale et démographique. Le monde rural, outre ces spécificités, est une ressource naturelle qui fonctionne comme un appareil dont les rendements sont limités et ne peut assurer l'entretien que d'un nombre bien déterminé d'individus et autant supporter une pression démographique plus que ces capacités. Cet appareil on doit le considérer comme une entreprise ayant une capacité de recrutement limitée et tout suremploi l'entraîne dans des difficultés structurelles. De ce fait il faut préparer les villes à accueillir non le flux migratoire mais plutôt la mobilité sociale, pour ce faire, il faut des aménagements et une infrastructure économique capable d’absorber l’excédent démographique de la compagne. Cette infrastructure économique peut être financée par l’argent de la privatisation en effet Compte tenue que l'arrière pays a une économie basée sur l'agriculture avec un manque de capitaux criant. Le désengagement de l'Etat, à long terme va pénaliser la région et on va se trouver avec un déficit en matière de création d’entreprises. Il est alors important d'envisager un processus en boucle qui consiste à recycler l'argent de la privatisation où l'Etat construit des usines puis elle les privatise et elle les met en bourse. De même il faut bien tirer profit du réseau ferroviaire en aménageant des tronçons pour la création d’un chapelet de zones industrielles limitrophes au chemin de fer pour mieux économiser l'énergie.-2- Les structures professionnelles.
La restructuration de l’UTAP est primordiale plutôt de nouvelles élections et de vrais candidats qui représentent les agriculteurs car l’UTAP est considérée comme le prolongement de l’administration, le bureau exécutif de l’UTAP est constitué en grande partie par des anciens directeurs du ministère de l’agriculture et de délégués en retraites. Cette main mise de l’administration fait que les structures professionnelles n’arrivent pas à émerger, il faut alors développer les capacités de ces structures pour qu’elles puissent identifier et formuler leurs besoins ainsi que négocier et prendre la décision
-3-Libéralisation des prixles défis du passé ne sont pas les défis du futurs : à la production s'ajoutent maintenant des questions de qualité et de commercialisation mondiale .La présence lourde de l'Etat génère des distorsions qui entravent le fonctionnement des filières et freinent leur réactivité Le réflexe de l'état gendarme persiste encore il est reflété par les méthodes musclés des inspecteurs du Ministère du Commerce qui contrôlent les prix sur les marchés de gros et prennent des mesures pour décourager les prix élevés, en ordonnant aux négociants de ne pas vendre un produit ou de retirer un produit du marché quand le prix est élevé ils les menacent de fermer leur commerce et la confisquer leur balance . Il est alors important, pour que les agriculteurs profitent des avantages de la mondialisation, de libérer les prix des produits agricoles.
-4-La bonne gouvernance La hausse des prix des céréales doit profiter aux villes l’arrière pays ces villes peuvent devenir riches prospères et créatrices d’emplois, il faut alors œuvrer pour que l’excédant monétaire soit utiliser pour la création de nouvelles entreprises , pour cela il faut créer un climat serein et confiant en installant les outils de transparence et de bonne gestion il faut tout faire pour que ce qui s’est passé à la centrale laitière LAINO en 2003 ne se répète plus. (Une gestion douloureuse qui a entrainé l’écroulement de toute la filière lait, elle s’inscrit actuellement dans la mythologie rurale du nord ouest tunisien)Une fois les structures professionnelles ont émergé il faut leurs éviter les difficultés structurelles et organisationnelles et mieux cerner les responsabilités et éviter les négligences, une restructuration est nécessaire et urgente qui touchera les aspects institutionnels comme le système de vulgarisation, le système de la production végétale et le système de la production animale. Pour ce faire il faut :a) : La création de l’office de la production végétale un office qui lui sera affecté les moyens et l’effectif actuel de la direction de la production végétale.b) : Transférer les moyens et les effectifs actuels de la direction de la production animale à l’office de l’élevage. Cette restructuration est impérative dans la mesure où elle réduit les intervenants et le chevauchement des taches et installera l’équivalent d’un guichet unique tout en rationalisant les dépenses publics et le financement non justifié des postes non fonctionnels
5 Le morcellement foncier
Réduire l'effet du morcellement par la reconversion de l’Agence Foncière Agricole (AFA), en institution financière, outre ses fonctions actuelles et pour mieux assurer le remembrement en sec il faut lui affecter des fonds en nature (terres agricoles) et en espèces. En exploitant les résultats de l'étude des cartes agricoles relatifs à la taille minimale d'une exploitation viable selon les zones, les périmètres, la nature du sol, la spéculation. L'AFA doit avoir les tâches suivante :a) Vente des terres agricoles à des petits agriculteurs afin d'atteindre le minimum d'exploitation spéculée dans une région bien déterminée.b) Intervenir auprès des héritiers pour arrêter la division de l'exploitation en gardant un ou deux exploitants selon l'importance de la superficie.c) L'AFA remboursera le reste des héritiers sur ses propres fonds.d) Les exploitants rembourseront l'AFA selon des modalités fixées par des textes.
6 Stratégies d’approcheInstaller une stratégie d’approche spécifique selon les étages bioclimatiques à savoir:a) dans les zones subhumides et les périmètres irrigués l’élaboration d’un programme de valorisation des fortes précipitations et des infrastructures hydrauliques basé sur l’intensification des cultures en fixant un objectif à haut rendement et en offrant les conditions et les exigences nécessaires à cet objectif, tel qu’un train de mesures qui consiste à des semences à haut rendement, densité de semis assez élevée, apport de fertilisation assez considérable, traitement contre les maladies cryptogamiques...b) Dans les zones semi-arides un programme basé sur les céréales secondaires orge et avoine avec l'intégration de l'élevage ovin, il faut aussi envisager un programme oléicole basé sur la Mgharsa tel qu'il a été fait par l'administration des Habous au début du IXX siècle dans la région de Sfax. On peut extrapoler aussi ce programme dans les terres accidentées de Hedhil et Khroumerie au Nord.c) Au Sud un programme d'extension du palmeraie national. Car la culture des dattes et le créneau porteur par excellence pour la Tunisie vu les spécificités bioclimatiques il ne peut pas être concurrencé par des géants comme l'Europe ou l'Amérique, il faut alors agrandir la forêt des palmiers dattiers et lui drainer les eaux du Nord. On peut aussi appliquer la Magharsa aux terres de l'état pour mieux impliquer la profession à la création et la mise en valeur des oasis.
7 Relation frontalièresDynamiser et animer la bande frontalière Ouest pour bien gérer le surplus des produits maraîchers et mieux valoriser les périmètres irrigués et profiter d'un marché de proximité en installant des mécanismes qui n'obéissent pas aux tempéraments des relations bilatérales
8 Gèle de la dette des agriculteurs Aider les agriculteurs à se redresser en se constituant des provisions pour pouvoir affronter l'ouverture des marchés et les défis de la prochaine étape par le gel de la dette jusqu'à nouvel ordre car la concurrence sera rude et agressive
9 Dynamiser l’investissement Il faut permettre aux exploitants à l'indivision d'entreprendre des travaux de plantations arboricoles ou des constructions de hangars ou logements ruraux ou création de puits de surfaces…..etc en débloquant la situation à l'indivision concernant l'investissement par une loi spécifique aux biens ruraux qui considère que:"Tout investissement dans un bien rural ne portant pas préjudice sur le plan vocation ou accès, et en tenant compte de la qualité du sol et de sa position, lors du partage il sera attribué à son promoteur tant qu'il ne dépasse pas sa côte-part."
kastalli chérifAgriculteur Béja
5 Rue Ibn Rachiq Béja 9000
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Ingenieur adjoint et exploitant agricole .Marié père de 2 enfants